Le lieu de mon repos est une chambre peinte
De mille os blanchissants et de têtes de morts
Où ma joie est plus tôt de son objet éteinte :
Un oubli gracieux ne la pousse dehors.
Sortent de là tous ceux qui ont encore envie
De semer et chercher quelque contentement :
Viennent ceux qui voudront me ressembler de vie,
Pourvu que l'amour soit cause de leur tourment.
Je mire en adorant dans une anatomie
Le portrait de Diane, entre les os, afin
Que, voyant sa beauté, ma fortune ennemie
L'environne partout de ma cruelle fin :
Dans le corps de la mort j'ai enfermé ma vie
Et ma beauté parait horrible dans les os.
Voilà comment ma joie est de regret suivie,
Comment de mon travail ma mort seule a repos.