Quand, en Chine, un Chinois devient décapité,
Une fois sa besogne faite,
Le bourreau, sans tarder, avec habileté
Lui recoud, aussitôt, la tête.
La raison de cela c’est que leur vieux Bouddha
Est ennemi de tout scandale ;
Il veut son homme entier, et toujours il bouda
Tel qui se présente acéphale.
De même, qu’un Chinois perde au jeu simplement,
Ou par manœuvres odieuses,
Afin qu’il chante mieux, ce qu’euphémiquement
« Le Temps » nomme ses « précieuses »…
Précieuses, lecteurs, cela ne vous dit rien ?
Mettons ses choses… ses histoires…
Tenez, à seule fin que vous compreniez bien,
Celles que Taupin a si noires.
Qu’un Chinois donc vienne à les perdre, par hasard,
Comme il aurait beau les recoudre,
Qu’il ne saurait non plus s’en servir qu’Abeilard ;
Et qu’il ne peut pas se résoudre
À les jeter au vent, devant, après sa mort,
Les rendre à son juge suprême ;
Que fait-il ? Il les met dans l’alcool tout d’abord.
C’est encor le meilleur système.
Il les a sous les yeux, il peut les contempler,
Emmi cent autres bagatelles.
Il ne redoute pas de les voir s’envoler…
Que diable ! elles n’ont pas des ailes.
Pourtant, il s’en égare, en France, on ne sait trop
Par suite de quelle aventure,
De pleins bocaux parfois, que la mère Moreaux,
Sur le zinc, nous livre en pâture,
Elle les vend deux sous pièce, peut-être trois ;
C’est cher, même avec garantie.
C’est ce que nous nommons, nous autres, des « chinois »,
Prenant le tout pour la partie.
Ceux qui d’ « elles » se sont ainsi débarrassés,
Devaient être à mon avis, ivres,
Ou bien de pauvres gens absolument forcés
D’en faire commerce pour vivre.
Mais tout autre Chinois, qui voit l’instant fatal
Venir, entre ses mains pieuses,
Il se fait, par les siens, remettre le bocal
Où sont ses chères « précieuses ».
Pour se donner du ton, il boit un dernier coup
De l’alcool qui les vit confire,
Les compte, les soupèse, ensuite les recoud.
Il se « rembourse » pour tout dire.
J’ignore, chers lecteurs, ce que vous en pensez.
Quant à moi, par Hercule
Et ses treize travaux ! je ne trouve pas ces
« Précieuses » si ridicules.