Si je m’en rapporte à mes yeux,
C’est à la Vigne, don céleste !
Qu’appartient, encor que modeste,
Le feuillage le plus joyeux.
En outre, et sans que je barguigne,
J’ajoute, vigneron têtu,
Que cet excellent « bois tortu »
A la plus merveilleuse ligne.
Je la préfère — disons mieux —
Au plus plaisant galbe de femme.
Et Dieu sait pourtant, ô mon âme !…
Au contour le plus gracieux.
Des fruits dont la terre bénigne
Nous comble si royalement,
Le meilleur, à mon sentiment,
C’est celui qui pousse à la Vigne.
Inégalable, sans pareil,
C’est lui qui, pressé dans la tonne,
Nous donne, au retour de l’automne,
Le breuvage le plus vermeil,
Le Vin ! Le reste est jus de guigne.
Le Vin, qui fait, de nous Français,
Ce peuple qui rime à succès,
Le plus cordial, le plus digne.
Aucun élixir, jeune ou vieil,
Près du Vin, ne vaut qu’on le nomme.
Le seul nectar digne de l’homme
Est celui que le gai soleil,
Depuis Suresnes jusqu’à Digne,
En passant par mon « Loupillon »
Son patelin d’élection
Nous prépare au fruit de la Vigne !