Paul Armand Silvestre


Orage

Comme un cavalier noir sur sa route de feu,
De la croupe des monts soulevant des buées,
L’orage à l’horizon fouettant le ciel bleu,
Éperonne d’éclairs la fuite des nuées.

Il galope, sinistre, écrasant sou chemin,
Dans l’air épouvanté roulant un bruit d’armure
Et, secouant la Mort aux ombres de sa main,
Des souffles de la Nuit déchaîne le murmure.

Tel je le vois passer, le cavalier de fer,
Au seul vent de ses pas découronnant les cimes,
Tel un amour cruel et venu de l’enfer,
Un jour traîna mon coeur vers d’éternels abimes !
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