Paul Armand Silvestre


Éloge de la lyre

A SILVAIN.

I

La Lyre est l’amie éternelle !
L’Art montre l’éternel chemin !
Tout bonheur durable est en Elle,
En Lui git tout l’honneur humain !
Aux saintes cordes de la Lyre
Vibre, après l’amoureux délire,
Le réveil de notre fierté.
A notre coeur même arrachées,
Elles chantent, sitôt touchées.
Un hymne d’immortalité !

II

La Lyre est la porte fermée
Qui garde le jardin des cieux :
Par Elle à notre âme charmée
S’ouvre un séjour délicieux.
Comme un chasseur qui tend ses toiles,
Le poète prend des étoiles
Au réseau de ses cordes d’or ;
Et, des planètes effarées
Volant les ailes déchirées,
Fuit dans l’azur plus haut encor !

III

Sonore, éclatante et vermeille,
Oiseau chantant, flambeau qui luit,
La Lyre à l’Aurore est pareille,
Chassant les ombres de la Nuit.
Aux ténèbres du coeur levée,
Souriante et de pleurs lavée,
Elle monte en resplendissant,
Et, sur nos têtes suspendue,
Fait flamboyer, dans l’étendue,
Nos larmes avec notre sang !
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