Paul Armand Silvestre


Date lilia

Comme deux lys jumeaux dont le double calice
S’élargit, pour laisser saillir, plus vive encor,
La flèche au triple feu des étamines d’or,
S’arrondissent tes seins où grandit mon supplice.

A leur ombre ton coeur mûrit la trahison,
Comme un serpent blotti sous la hauteur des herbes,
Et, de sucs meurtriers gonflant leurs fleurs superbes,
Y distille à ma soif la douceur d’un poison.

Aux jardins de l’amour où la sombre ancolie
Et la ciguë horrible ont des venins connus,
C’est au coeur virginal de deux lys ingénus
Que j’ai bu l’amertume et la mélancolie !
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