Paul Arène


L'automate

Dans mon corps je sens se débattre
Un automate ingénieux
Qui regarde aux trous de mes yeux
Comme à la toile d'un théâtre,

D'un théâtre de Mezzetin.
Mon âme est fort bien machinée,
Et ce montreur : La Destinée,
Y fait sautiller ce pantin.

Ce pantin, à toute ficelle
Que vient tirer le Doigt vainqueur,
Obéit en dépit du cœur
Qui la hait et qu'elle ensorcelle.

Qu'elle ensorcelle !… Au fin ressort
Toutes les heures son doigt butte.
Ding ding ! un petit homme sort,
Et le pantin fait la culbute.

Fait la culbute… Oh ! remords lourds !
Et ce démon qui goguenarde,
C'est l'automate qui regarde
Par les trous d'un loup de velours.
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