Les marguerites de la haie
Entourent, pleines de pitié,
L’aspic que tronçonne à moitié
Une sanglante et large plaie.
Toutes, par ce soleil brûlant,
Ont voulu lui venir en aide
Et lui procurer le remède
De leur petit ombrage blanc.
Contre la mouche qui voltige,
Chacune cherche à l’abriter,
Tâchant de le réconforter
Par la caresse de sa tige ;
On dirait qu’au pied du talus,
Malgré l’herbe qui les accroche,
L’une de l’autre se rapproche
Pour le cacher encore plus.
Une espèce de frisson tendre
Agite leur groupe inquiet
Devant l’aspic, râlant muet,
À qui la mort se fait attendre.
Comme pour les remercier
Il lève un peu sa tête plate,
Se crispe un instant, se dilate,
Et cesse de se tortiller.
Il va devenir la pâture
Des nécrophores du coteau
Et les pâquerettes bientôt,
Sécheront sur sa pourriture.