Maurice Rollinat

1842-1888 / France

Les Tourtes

Maintenant, dans les auberg’, i’ n’ veul’ plus q’ du pain d’ riches,
En couronn’, comme en flût’, de tout’ manière... eh bien !
L’ pain d’ seigle et d’ pur froment, quoiqu’i’ dis’, voilà l’ mien !
Pour en manger mon saoul, j’ leur laiss’rais tout’ leurs miches.

Ah ! les tourt’ qu’on faisait cheux nous, quand j’étais p’tit !
D’bout, en rang dans l’ barreau, sous la poutre en fumée,
Haut’ comm’ des roues d’ voitur’ ! d’une odeur parfumée
Qui régalait vot’ nez, vous donnait d’ l’appétit !

J’ les vois toujours bien rond’, épaiss’ dans leur grand’ taille,
L’ dessus brun, bombé, rud’, fariné par endroits,
L’ dessous gris, poudré d’ son et de hachur’ de paille...

Et j’ pleur’ des larm’ quand j’ pense à ceux bonn’ tranch’, pas courtes,
Qu’avec nos gros couteaux qu’on t’nait, ferme, à pleins doigts,
On s’ coupait en travers, d’un bout à l’aut’, des tourtes !
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