Le fossoyeur-bedeau
Se fait toujours attendre...
Les porteurs vont reprendre
Leur funèbre fardeau.
En soufflant ses grands cierges
L’officiant se dit :
« Mon sacristain maudit
Court encor les auberges ! »
Enfin, on s’achemine
Au cimetière, et là
Riant tout fort, voilà
Chacun changeant sa mine.
Car, une voix sereine,
Avec l’accent gouailleur,
Celle du fossoyeur,
Monte et dit, souterraine :
« C’te nuit, un coup d’boisson
M’a fait perd’ la raison ;
Comm’ j’étais dans la place
J’ai réchauffé la glace.
Vos libera, quoiq’ saoul,
J’les entends ben d’mon trou :
Que l’bon Dieu les exauce !
Pauv’ mort ! t’attends ta fosse ?
Tu l’auras ! laisse avant
S’désenterrer l’vivant !