Au printemps ramenant sa joie,
Le Juste au cœur tendre et meurtri
Savoure, ivre en dedans, sans cri,
La félicité qui le noie.
Devant ce feuillage nourri
Qui, si frais, tremble et se déploie
Il faut que son espoir aigri
Se réillusionne et croie !
Au bruit du ruisseau qu’il côtoie
Sa raison même s’attendrit,
Le vent qui court, l’eau qui tournoie,
Insecte, oiseau, tout le festoie.
Il régale son corps guéri
De la lumière qui flamboie,
Fraternellement il coudoie
Le vieil arbre désamaigri,
En lui le regret se flétrit,
La sérénité reverdoie ;
Et le soir, au ciel qui rougeoie,
Son rêve extasié sourit,
Blanc des blancs reflets qu’en l’esprit
Sa conscience lui renvoie :
Toute son âme alors fleurit
Dans le paradis de la joie !