Charmant petit vaisseau ― naïade ou sirène ―
Si gracieux à voir sur ton ancre affermi,
Orgueil de notre port dont le flot endormi
Reflète en son miroir ta beauté souveraine !
Que ta voile où jamais l'ouragan n'a frémi
Ne s'ouvre qu'à l'effort d'une brise sereine ;
Et que nos vagues n'aient pour ta svelte carène,
Charmant petit vaisseau, que des baisers d'ami !
Va, cours, élance-toi de rivage en rivages ;
Dans nos havres bruyants, sur nos ondes sauvages,
Sur nos grands lacs lointains ou nos fleuves déserts,
Va promener joyeux ta course vagabonde,
Et puisses-tu longtemps dérouler dans les airs
Les couleurs de la France au vent du nouveau monde !
(1879)