Léon Dierx


Les rythmes

Rythme des robes fascinantes,
Qui vont traînantes,
Balayant les parfums au vent,
Ou qu'au-dessus des jupes blanches
Un pas savant
Balance et gonfle autour des hanches !

Arbres bercés d'un souffle frais
Dans les forêts,
Où, ruisselant des palmes lisses,
Tombent des pleurs cristallisés
Dans les calices
Roses encor de longs baisers !

Soupir des mers impérissable,
Qui sur le sable,
Dans l'écume et dans les flots bleus
Pousses l'amas des coquillages ;
Flux onduleux
Des lourdes lames vers les plages !

Air plaintif d'instruments en choeur
Qui prends le coeur,
Et, traversant la symphonie,
Viens ou pars, sonore ou noyé
Dans l'harmonie,
Et renais sourd ou déployé !

Hivers, printemps, étés, automnes,
Jours monotones,
Souvenirs toujours rajeunis ;
Mêmes rêves à tire d'ailes,
Loin de leurs nids
Tourmentés de douleurs fidèles !

Vous m'emplissez de désirs fous,
Je bois en vous
La soif ardente des mirages,
Reflets d'un monde harmonieux !
Et vos images
Se mêlent toutes en mes yeux :

Rythme lent des robes flottantes,
Forêts chantantes,
Houles des mers, lointaines voix,
Airs obsédants des symphonies,
Jours d'autrefois,
Ô vous, extases infinies !
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