Ô toi, que mon amour profond et sans mélange
Formé de ton image et de ton souvenir,
Avait su distinguer en l'auguste phalange
Des jeunes beautés dont nous faisons notre ange
Pour nous guider dans l'avenir,
Toi que tout rappelait à mon âme inquiète,
Et dont l'âme sans cesse assise auprès de moi,
Me dérobait du temps, qu'à présent je regrette,
Le cours lent à mes voeux, quand la bouche muette,
Je ne pouvais penser qu'à toi,
Qu'as-tu fait - loin de moi, tu fuis, et ton sourire
Vers moi se tourne encor, adorable et moqueur,
Tu sais ce que toujours, tout-puissant, il m'inspire,
Tu l'adresses, hélas ! il me paraît me dire :
Je te quitte de gaîté de coeur !
Tu me railles, méchante, ah ! de ta moquerie,
Si tu voyais combien l'aiguillon me fait mal,
Ce qu'à l'âme, il me met de douleur, de furie !
D'amour ! tu cesserais ta vile fourberie !...
Mais non ! - cela t'est bien égal !
C'est trop te demander - pars, fuis où bon te semble ;
Ailleurs, va-t'en verser la joie et le plaisir ;
Cherche un autre amant ; Dieu fasse qu'il me ressemble !...
Nous pouvions dans l'amour vivre longtemps ensemble...
Seul, dans l'ennui, je vais mourir !