Déjà, dans mon âme éperdue,
La mort répandant ses terreurs,
Présentait par tout à ma vue
Et ses tourments et ses horreurs :
Ma perte était inévitable ;
J'invoquai ton nom redoutable,
Et tu fus sensible à mes cris :
Tu vis leur trame sacrilège,
Et ta pitié rompit le piège
Où leurs complots m'avaient surpris.
Tu dis : et ta voix déconcerte
L'ordre éternel des éléments ;
Sous tes pas la terre entrouverte,
Voit chanceler ses fondements.
Dans sa frayeur le ciel s'abaisse ;
Devant ton trône une ombre épaisse
Te dérobe aux yeux des vivants ;
Des Chérubins, dans le silence,
L'aile s'étend ; ton char s'élance
A travers les feux et les vents.
Au devant des pâles victimes
Que poursuit ton glaive perçant,
Prête à sortir de ses abîmes,
La mer accourt en mugissant ;
Intéressés à ta vengeance,
Tous les fléaux, d'intelligence
S'unissent pour leur châtiment :
Du monde, près de se dissoudre,
Le chaos en proie à la foudre,
N'est plus qu'un vaste embrasement.