Marchons, le ciel s’abaisse, et le jour pâlissant
N’est plus à son midi qu’un faible crépuscule;
Le flot qui vient blanchir les restes du port Jule
Grossit, et sur la cendre expire en gémissant.
Cet orage éloigné que l’Eurus nous ramène
Couvre de ses flancs noirs les pointes de Misène;
Avançons, et, foulant d’un pied religieux
Ces rivages sacrés que célébra Virgile,
Et d’où Néron chassa la majesté des dieux,
Allons sur l’avenir consulter la Sibylle.
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Me répond un ami, qu’aux doux travaux d’Apelle,
A Rome, au Vatican son art en vain rappelle;
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Il disait, et déjà j’écartais les rameaux
Qui cachaient à nos yeux l’antre de la Sibylle,
Au fond de ce cratère, où l’Averne immobile
Couvre un volcan éteint de ses dormantes eaux.
L’enfer, devant nos pas, ouvrait la bouche antique
D’où sortit pour Énée une voix prophétique;
Un flambeau nous guidait, et ses feux incertains
Dessinaient sur les murs des larves, des fantômes,
Qui sans forme et sans vie, et fuyant sous nos mains,.
Semblaient le peuple vain de ces sombres royaumes.
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J’écoutais : folle attente! espérance inutile!
L’oracle d’Apollon ne répond qu’à Virgile;
Et ces noms méconnus qu’en vain je répétai,
Ces noms jadis si beaux : patrie et liberté,
N’ont pas même aujourd’hui d’écho chez la Sibylle.