Le bronze grave étreint de son sommeil pesant
Ton corps au geste las et ta face verdie ;
Et quelle douloureuse et douce tragédie
T’a faite la statue où tu dors à présent ?
Le marbre de ton socle est rouge et l’on y sent
Partout la pourpre encor d’une tache agrandie ;
Est-ce la flèche aiguë ou la hache hardie
Qui t’a couchée ainsi plus belle dans ton sang ?
Le bronze jaune et vert qui souffre et qui suppure,
Dont s’aigrit la patine et suinte la coulure,
Sculpte de ton repos un cadavre éternel ;
Et la matière où tu survis te décompose ;
Mais, puisque tendre fut ton Destin ou cruel,
Laisse croître à tes pieds la ciguë ou la rose.