Je soupirais, triste et malade :
Que sont devenus le fuseau,
Et le baiser et la ballade
Qui m’endormaient dans mon berceau ?
Mes pleurs coulaient… lorsqu’une enchanteresse
Me dit : Enfant, verse-les dans mon sein.
Soyez bénie, ô vous dont la tendresse
Donne une mère à l’orphelin !
Je répètais : « Du moins que n’ai-je
Ton bras pour guide et pour appui,
Frère1 qu’en un linceul de neige
Le vent du nord berce aujourd’hui !…
Mais tout à coup, une chaste caresse
Sur mon front pâle essuya le chagrin :
Soyez bénie, ô vous dont la tendresse
Donne une sœur à l’orphelin !
En vain, ardent à me poursuivre,
Le destin flétrit mes beaux jours ;
De tous les bonheurs je m’enivre,
Car j’aime de tous les amours.
L’astre charmant levé sur ma jeunesse
Promet encor d’échauffer mon déclin :
Soyez bénie, ô vous dont la tendresse
Est le trésor de l’orphelin !