Pourquoi donc, jeune Laïs,
Rêveuse au bord de ma couche,
Sur mes amours au pays
M’interroger bouche à bouche ?
J’ai, pour eux, dans nos déserts,
Chanté sur toutes les notes…
Mais, à propos de mes vers,
Faites donc vos papillotes.
Vous soupirez, et pourquoi ?
Riez vite !
Ma petite :
Vous soupirez, et pourquoi ?
Riez vite, et baisez-moi.
Un ange sut me charmer,
Un ange au cœur pur et tendre ;
De loin, content de l’aimer,
De la voir et de l’entendre,
Je la suivais sans repos,
Et mes lèvres enfantines
Baisaient sa trace… À propos,
Délacez donc vos bottines.
Vous soupirez, et pourquoi ?
Riez vite !
Ma petite :
Vous soupirez, et pourquoi ?
Riez vite, et baisez-moi.
De sa bouche quand j’ai su
Obtenir enfin : Je t’aime !
Les mains jointes j’ai reçu
Son baiser comme un baptême ;
J’ai, le front sur ses genoux,
Prié des heures entières…
À propos, qu’attendez-vous ?
Otez donc vos jarretières.
Vous soupirez, et pourquoi ?
Riez vite !
Ma petite :
Vous soupirez, et pourquoi ?
Riez vite, et baisez-moi.
Oh ! si j’avais par hasard
Effleuré de mon haleine,
Profané de mon regard,
Son sein rond sous la baleine,
J’aurais dit cent fois : Pardon !
Moi, bâtard de Diogène…
À propos, débouclez donc
La ceinture qui nous gêne.
Vous soupirez, et pourquoi ?
Riez vite !
Ma petite :
Vous soupirez, et pourquoi ?
Riez vite, et baisez-moi.
Ces beaux jours sont envolés :
Que le souvenir en meure !
Lorsque vous me consolez,
Peut-être qu’en sa demeure,
Hélas ! son oubli m’absout
De mon plaisir infidèle :
Amours purs, croyances, tout
S’éteint… soufflez la chandelle.
Vous soupirez, et pourquoi ?
Riez vite !
Ma petite :
Vous soupirez, et pourquoi ?
Riez vite, et baisez-moi.