Dans l’alcôve de ma voisine,
Un mardi gras, me réveillant,
Sous mes habits je vois Rosine
Qui se mirait en souriant :
À sa bouche un cigare fume ;
D’un grivois elle a le maintien :
Oh ! qu’elle est bien !
Oh ! qu’il est bien !
Beau masque, à ce joli costume
Pour mon bonheur ne change rien.
Je comprends que d’un jeune esclave
Virgile ait soupiré le nom ;
Je comprends les mœurs du conclave
Et les soupers d’Anacréon.
Mais son Bathyle, je présume,
Aurait pâli rival du mien :
Oh ! qu’elle est bien !
Oh ! qu’il est bien !
Beau masque, à ce joli costume
Pour mon bonheur ne change rien.
Mais, sur une tête mignonne,
Enfant, ce chapeau doit peser.
Les cheveux noirs qu’il emprisonne
Hier appelaient le baiser.
Laisse-les suivant ta coutume,
Flotter sans voile et sans lien :
Oh ! qu’elle est bien !
Oh ! qu’il est bien !
Beau masque, à ce joli costume
Pour mon bonheur ne change rien.
Grâce pour deux captifs encore !
Oui, foule aux pieds ce frac étroit.
En vain, sur la vitre sonore,
L’aquilon souffle humide et froid :
Mon cœur, que le désir consume,
Palpitera chaud près du tien :
Oh ! qu’elle est bien !
Oh ! qu’il est bien !
Beau masque, à ce joli costume
Pour mon bonheur ne change rien.
Et je poursuis, et la fillette,
Riant toujours, toujours cédant,
Se voit réduite à la toilette
Qui parait Ève aux yeux d’Adam.
Trésor à trésor, sur la plume,
Je puis recompter tout mon bien :
Oh ! qu’elle est bien !
Oh ! qu’il est bien !
Beau masque, à ce joli costume
Pour mon bonheur ne change rien.