Ils étaient là, les Juifs, les tueurs de prophètes,
Quand le sanglant Messie expirait sur la croix;
Ils étaient là, railleurs et bourreaux à la fois;
Et Sion à son crime entremêlait des fêtes.
Or, voici que soudain, sous le vent des tempêtes,
Se déchira le voile arraché des parois.
Les Maudits prirent fuite: on eût dit que le poids
De leur forfait divin s'écoulait sur leurs têtes.
Depuis, de par la terre, en hordes de damnés,
Comme des chiens errants, ils s'en vont, condamnés
Au remords éternel de leur race flétrie.
Trouvant partout, le long de leur âpre chemin,
Le mépris pour pitié, les ghettos pour patrie,
Pour aumône l'affront lorsqu'ils tendront la main.
D'autres sont là, pareils à ces immondes hordes,
Ecrasant le Sauveur sous des monts de défis,
Alors qu'Il tend vers eux, du haut des crucifix,
Ses yeux grands bras de bronze en sublimes exordes.
Écumant du venin des haineuses discordes
Et crachant un blasphème au Pain que tu leur fis,
Ils passent. Or, ceux-là, mon Dieu, qu'on dit tes fils,
Te hachent à grands coups de symboliques cordes.
Aussi, de par l'horreur des infinis exils,
Lamentables troupeaux, ces sacrilèges vils
S'en iront, fous de honte, aux nuits blasphématoires,
Alors que sur leur front, mystérieux croissant,
Luira, comme un blason de leurs tortures noires,
Le stigmate éternel de quelque hostie en sang.