Alors que ma jeunesse et ses jours indolents
S’écoulaient sur nos bords parfumés et brûlants,
Alors que je rêvais de gloire et de génie,
Parfois ce long repos assombrissait ma vie ;
Fuir mon doux ciel natal me semblait le bonheur.
Insensé ! De nos soirs le parfum enchanteur,
Les pleurs harmonieux des brisants sur nos rives,
Le chant des bengalis dans les palmes pensives,
L’aurore, de rayons dorant les monts géants,
Vers l’horizon en feu que déjà voilait l’ombre,
Le soir venu des cieux comme un roi grave et sombre,
Puis ce charme si doux d’un amour fraternel,
Ces parents chers et bons que m’accordait le Ciel,
Tous ces amis grandis à mon côté, doux frères,
Que je pleure parfois dans mes jours solitaires,
Bonheur de tout instant, charmes impérieux
N’enivraient point mon cœur désireux d’autres cieux.
Et pourtant, quand le bord de ma natale grève,
Dans la brume des mers se perdit comme un rêve,
Une tristesse immense enveloppa mon cœur ;
Et je crus voir alors, ô prestige vengeur !
L’amour de ma jeunesse et l’espoir éphémère,
Planant aux bords aimés où je vis la lumière,
Dessiner sur l’azur leur essaim gracieux,
Me saluer de l’aile et s’envoler aux cieux !