Maîtresse de la haute Éryx, toi qui te joues
Dans Golgos, sous les myrtes verts,
Ô blanche Aphrodita, charme de l’univers,
Dionaiade aux belles joues !
Après douze longs mois Adônis t’est rendu,
Et, dans leurs bras charmants, les Heures,
L’ayant ramené jeune en tes riches demeures,
Sur un lit d’or l’ont étendu.
À l’abri du feuillage et des fleurs et des herbes,
D’huile syrienne embaumé,
Il repose, le Dieu brillant, le Bien-Aimé,
Le jeune Homme aux lèvres imberbes.
Autour de lui, sur des trépieds étincelants,
Vainqueurs des nocturnes Puissances,
Brûlent des feux mêlés à de vives essences,
Qui colorent ses membres blancs ;
Et sous l’anis flexible et le safran sauvage,
Des Éros, au vol diligent,
Dont le corps est d’ébène et la plume d’argent,
Rafraîchissent son clair visage.
Sois heureuse, ô Kypris, puisqu’il est revenu,
Celui qui dore les nuées !
Et vous, Vierges, chantez, ceintures dénouées,
Cheveux épars et le sein nu.
Près de la Mer stérile, et dès l’Aube première,
Joyeuses et dansant en rond,
Chantez l’Enfant divin qui sort de l’Akhérôn,
Vêtu de gloire et de lumière !