Ô Divine, salut ! Viens à nous qui t’aimons !
Descends d’un pied léger, par la pente des monts,
Au fond des bois touffus pleins de soupirs magiques ;
Sur la source qui dort penche ton front charmant
Et baigne son cristal du doux rayonnement
De tes beaux yeux mélancoliques.
Toi qui, silencieuse et voilée à demi,
Surpris Endymion sur la mousse endormi
Et d’un baiser céleste effleuras ses paupières,
Ô blanche Sélènè, Reine des belles nuits,
L’essaim des songes d’or qui bercent nos ennuis
S’éveille à tes molles lumières.
Égaré dans l’espace orageux, le marin,
Accoudé sur le bord des nefs au bec d’airain,
Entend rugir les flots et gronder les nuées ;
Mais il se rit du vent et de l’abîme amer,
Quand tu laisses errer sur l’écumeuse mer
Tes blondes tresses dénouées.
Immortelle, entends-nous ! Sur ce monde agité
Épanche doucement ta tranquille clarté !
Ô Perle de l’azur, inclinée à leur faîte,
De tes voiles d’argent enveloppe les cieux,
Et guéris-nous, pour un instant délicieux,
Des maux dont notre vie est faite.