Déesse à l’arc d’argent tendu d’un nerf sonore,
Qui, de flèches d’airain hérissant ton carquois,
Par les monts et la plaine et l’épaisseur des bois,
Un éclair dans les yeux, déchaînes des l’aurore
De tes chiens découplés les furieux abois !
Ô Tueuse des cerfs et des lions sauvages,
Vierge à qui plaît la pourpre odorante du sang,
Que Dèlos vit jadis fière et grande en naissant,
Près du Dieu fraternel qui dorait les rivages,
Surgir de la Nuit sombre au Jour éblouissant !
Jamais la volupté n’a fleuri sur ta bouche,
Érôs n’a point ployé ton col impérieux
Ni de ses pleurs d’ivresse attendri tes beaux yeux :
Comme un bouclier d’or, la Chasteté farouche,
Ô Vierge, te défend des hommes et des Dieux.
Mais quand ton corps divin, ô blanche Chasseresse,
A l’heuro où le soleil brûlant darde ses traits,
Plonge et goûte en repos le charme des bains frais ;
Lorsque ta nudité que leur baiser caresse
Resplendit doucement dans l’ombre des forêts,
Bienheureux qui, furtif, par les halliers propices,
A travers l’indiscret feuillage, un seul instant,
Te contemple, muet et le cœur palpitant !
Tu peux percer ce cœur enivré de délices :
Il t’a vue, Artémis ! Il t’aime et meurt content !