L’Aurore désirée, ô filles de Byblos,
A déployé les plis de son riche péplos !
Ses yeux étincelants versent des pierreries
Sur la pente des monts et les molles prairies,
Et, dans l’azur céleste où sont assis les Dieux,
Elle rit, et son vol, d’un souffle harmonieux,
Met une écume rose aux flots clairs de l’Oronte.
Ô vierges, hâtez-vous ! Mêlez d’une main prompte,
Parmi vos longs cheveux d’or fluide et léger,
Le myrte et le jasmin aux fleurs de l’oranger,
Et, dans l’urne d’agate et le creux térébinthe,
Le vin blanc de Sicile au vin noir de Korinthe.
Ô nouveau-nés du jour, par mobiles essaims,
Effleurez, Papillons, la neige de leurs seins !
Colombes, baignez-les des perles de vos ailes !
Rugissez, ô Lions ! Bondissez, ô Gazelles !
Vous, ô Lampes d’onyx, vives d’un feu changeant,
Parfumez le parvis où sur son lit d’argent
Adônis est couché, le front ceint d’anémones !
Et toi, cher Adônis, le plus beau des Daimones,
Que l’ombre du Hadès enveloppait en vain,
Bien-aimé d’Aphrodite, ô Jeune homme divin,
Qui sommeillais hier dans les Champs d’asphodèles !
Adônis, qu’ont pleuré tant de larmes fidèles
Depuis l’heure fatale où le noir Sanglier
Fleurit de ton cher sang les ronces du hallier !
Bienheureux Adônis, en leurs douces caresses
Les vierges de Byblos t’enlacent de leurs tresses !
Éveille-toi, souris à la clarté des cieux,
Bois le miel de leur bouche et l’amour de leurs yeux !