C’était l’heure divine où le soleil n’est plus.
L’horizon rose et bleu couronnait les flots calmes,
Le soir, comme un manteau, drapait les monts velus.
Les palmiers avec grâce arrondissaient leurs palmes ;
Et l’île, en souriant, s’endormait sous les yeux
Que les anges pensifs entr’ouvraient dans les cieux.
L’Océan exhalait un chant doux et sonore,
Hymne sublime et pur qui vers cette autre aurore
Montait en murmurant : amour et majesté !
— Je rêvais, assailli d’émotions sans nombre ;
Mon âme s’égarait en cette immensité
Tour à tour indécise entre la flamme et l’ombre ;
Un charme ambitieux faisait battre mon cœur ;
Les bords, les flots, les airs s’inondaient de prestiges,
Mes regards s’emplissaient d’éblouissants vertiges ;
Quand, soudain, emporté par un élan vainqueur,
Je vis les cieux ouvrir leurs tentures de gaze,
Et mon esprit monta sur l’aile de l’extase...
— Comme un aigle bercé par le bleu ûrmament,
Je plongeais dans la nue ineffable et sereine,
Les astres saluaient ma course souveraine,
Et les doux Séraphins, dans leur étonnement,
À ma soudaine approche ouvrant leurs triples ailes,
M’inondaient en passant de blanches étincelles ;
Mais je levais un doigt, et les enfants de Dieu,
Précipitant en bas leurs profondes spirales,
Disparaissaient alors en des groupes de feu,...
Lors, je vis, au milieu de clartés aurorales,
Se balançant ainsi qu’une céleste fleur,
Un mirage isolé par l’espace enchanteur.
Deux rayons parfumés baignaient ses contours roses
Qui s’inclinaient, pareils à des feuilles de roses ;
Un souffle ravissant le berçait dans les cieux ;
Et l’ange oriental, le céleste poète,
Au doux nom d’Israfil, l’esprit mélodieux,
Sur ce nuage d’or posait sa belle tête.