Charles-Julien Lioult d


Le Pêcheur

Sur les bords d'un fleuve limpide,
Un pauvre pêcheur arrêté,
Après une course rapide,
S'était assis un soir d'été.
En jetant sa ligne mobile
Sur ces rivages inconnus,
Il contemplait l'onde tranquille
Qui venait baigner ses pieds nus.
Une illusion insensible
Charmant le pêcheur attiré,
Comme un rêve aimable et paisible
S'empare de lui par degré.
Soudain, de sa grotte azurée,
Belle, nue, et sans ornements,
Une nymphe sort entourée
De ses plus doux enchantements.
Riante, elle semblait lui dire:
'Viens, viens, infortuné pêcheur,
Ô viens, dans mon liquide empire,
De mes flots goûter la fraîcheur!
Au sein de ma grotte profonde
Tu trouveras la volupté
Qu'offrent les délices de l'onde
Durant les chaleurs de l'été.
La vierge modeste et timide,
Du Lion évitant l'ardeur,
Se plonge en mon cristal humide,
Sous la garde de la pudeur.
L'astre à la flamme étincelante,
Lassé d'éclairer l'univers,
Au bout de sa course brûlante,
Aime à se baigner dans les mers.
Et quand des souffles invisibles
Enchantent l'ombre de la nuit,
De Phébé les rayons paisibles
Au sein des flots dorment sans bruit.'
Elle dit: 'du vague prestige
Il a senti les traits puissants:
Un mol et magique vertige
Égare et trouble tous ses sens.'
A son erreur il s'abandonne;
Et vaincu par ce fol amour,
Aux bras de la nymphe il se donne,
Glisse, et disparaît sans retour.
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